En avril 2016, au dernier jour de la campagne pour la présidentielle sur l’esplanade de la promenade maritime à Malabo, un dignitaire du PDGE (parti au pouvoir en Guinée équatoriale) confiait à mon micro, toute sa fierté de voir le président Obiang Nguema MBasogo rempiler sans surprise:  » Regardez vous-même cet espace, il y a 20 ans, c’était une brousse.Le président Obiang Nguema n’a pas eu besoin des injonctions du FMI ou de la Banque mondiale.Nous avons transformé notre pays, sans l’aide des institutions de Brettons Woods, avec nos propres ressources ».

En août 2014, à la faveur de la fête nationale du Congo-Brazzaville à  Sibiti, à 320 km de Brazzaville, l’éloquent ministre Thierry Moungalla, actuel porte-parole du gouvernement congolais, exaltait à mon micro les bienfaits de la municipalisation accélérée, politique nationale de maillage d’infrastructures sur le territoire, réalisé sans tendre la main au FMI ou même à la France, Brazzaville étant en froid avec Paris.Les progrès réalisés sous Sassou Nguesso et Obiang Nguema sont impressionnants et il faut les saluer à leur juste valeur.

Mais aujourd’hui, on est bien loin de cette période là! La crise du pétrole est passée par là ! Les espoirs sont suspendus à une hypothétique remontée et une stabilisation du prix du baril autour de 55, voir 60-65 dollars en 2017. Une remontée qui tarde à poindre à l’horizon justement. Pire, rien n’augure de lendemains enchanteurs à moins de cinq mois du terme de 2017.

Du coup , tout ou presque est à l’arrêt ! premier secteur touché les BTP et leur lot d’infrastructures pharaoniques.En décembre dernier à Yaoundé, les pays de la zone CEMAC avaient le couteau de Michel Sapin et Christine Lagarde sous la gorge: accepter une nouvelle dévaluation du FCFA ou s’aligner sur une intervention drastique du FMI dans leur gestion macroéconomique. Les présidents d’Afrique centrale ont accepté, à leur corps défendant, la seconde hypothèse.

Il y a une dizaine de jours, le FMI a jeté un pavé dans la marre congolaise: les autorités de Brazzaville auraient caché une partie de la dette du pays.Une dette publique réévaluée à  117% du PIB contre 77% , chiffres précédemment communiqués par Brazzaville.

Quant à la Guinée équatoriale d’Obiang Nguema, elle attend la conclusion d’un accord avec le FMI, alors que sa production pétrolière va chuter de 21% en 2018.

Tous ces faits donnent du grain à moudre aux détracteurs des régimes de Brazzaville et de Malabo ainsi qu’aux tenants de la thèse de la « malédiction des matières premières ou de l’or noir ». Qu’a t-on fait des excédents réalisés pendant la période faste de l’or noir? Où sont logés les fameux fonds prélevés sur les excédents des recettes pétrolières au profit des générations futures? Pourquoi l’extrême pauvreté continue de côtoyer le luxe insolent dans lequel baigne certains privilégiés du premier cercle de ces pouvoirs? Que sert-il de dénoncer les lugubres programmes d’ajustement structurel du FMI pour venir s’y engluer dix après, sans avoir appris des leçons du passé?

Pour sûr, le FMI n’est pas là pour redistribuer équitablement le revenu national. Il va s’autoriser un nouveau tour de vis et s’assurer du versement régulier des intérêts de la dette.

En attendant, un rebond du baril, on est bien rentré à nouveau dans un cycle d’infantilisation des dirigeants africains qu’on croyait révolu. Mais à qui la faute?

Zran Fidèle GOULYZIA

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Docteur en Droit international - Ecrivain - Journaliste

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