En me rendant à Brazzaville pour la couverture du Forum Build Africa  en février 2014, j’avais une seule envie: rencontrer celui que de nombreux médias internationaux présentaient comme « le Steve Jobs africain »; le père de la première tablette tactile africaine et du premier smartphone africain, l’ingénieux trentenaire Vérone Mankou. Rendez-vous pris au 4è étage de l’immeuble Monte Christo, rond-point de la gare routière, siège de VMK, l’entreprise de Mankou. VMK ou « Voumka » en langue locale Kikongo pour dire « réveillez-vous ». A la fin de l’interview, j’avais saisi en lui cette âme de leader. Vérone Mankou n’était plus le frêle conseiller technique de l’ex-ministre congolais des postes et télécommunications, Thierry Moungalla. Il avait acquis du coffre et une stature d’entrepreneur ayant une vision prospective des affaires. Cette volonté inébranlable de se réaliser, d’aller vers l’autonomisation m’avait frappé chez ce Congolais issu d’une famille modeste.

Des Vérone Mankou, il en existe des milliers sur le continent africain. Ils n’ont peut-être pas l’accompagnement au plus haut sommet de leurs Etats ; ils n’ont pas la chance d’être autant médiatisés comme Vérone. Ils ne sont peut-être pas lauréats de prix internationaux à des rencontres internationales. Mais leur mérite n’en reste pas moins intact. Ils font bouger les lignes dans leurs domaines de compétence: nouvelles technologies,  tourisme, médias, agriculture, élevage, mode, sport, culture, start-ups dans les services…

Une nouvelle conscience économique de la jeunesse africaine est en marche: elle ouvre la voie à une prise de conscience du potentiel intrinsèque doublée d’un désir de se prendre en charge, même quand le cadre institutionnel que l’Etat doit fournir fait défaut.

C’est cette conscience économique aigüe qui fait comprendre aux jeunes longtemps terreau fertile de la manipulation politique qu’ils ne sont pas que de la chair à canon.

Sur le continent africain, on a longtemps éveillé ces jeunes à la conscience politique sans donner ou favoriser les moyens d’une conscience économique. Pourtant conscience politique et conscience économique peuvent faire bon ménage.

Dans un contexte de précarité et de paupérisation généralisée, l’accession au pouvoir d’Etat est devenue l’obsession pour s’offrir un statut social par le militantisme politique. De nombreux politiques continuent à promettre, avec une démagogie insoutenable, des emplois à des jeunes sur la base de leur militantisme.

Ces jeunes se réveillent souvent abasourdis. Les lendemains de révolution ou d’alternance sont l’occasion de désenchantement à la hauteur des espoirs nés d’un changement de régime.

Moi, je crois en cette jeunesse qui s’émancipe désormais du dictat des prestidigitateurs de la scène politique pour prendre son destin en main.De Nairobi à Kigali, d’Abidjan à Johannesburg, en passant par le Caire, les méninges des jeunes africains bouillonnent, rivalisent de créativité et de génie. Les concours de start-ups et de projets innovants se multiplient. Les modèles économiques durables de jeunes entrepreneurs font tâche d’huile.

Un véritable motif d’espérance dans une arène politique et sociale habituée à produire de la désespérance..

Zran Fidèle GOULYZIA

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Docteur en Droit international - Ecrivain - Journaliste

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