9 novembre 1989.
9 ans. Élève en CM1 à l’École primaire publique Frontières d’Odienné, suivant dans le Nord-Ouest ivoirien mon père prof de maths au Cafop de la même ville, depuis trois ans. Dans la savane de poussière et d’insouciance, l’écolier Goulyzia est loin d’imaginer que le monde est en train de basculer ; que l’Histoire est en marche avec la chute du Mur de Berlin. Les convulsions du multipartisme se signalent au pays. Avril 1990, l’école est paralysée. Tous les élèves de Côte d’Ivoire passeront six mois à la maison. Le gouvernement sauve l’année 1989-1990 en trois mois et enchaîne en janvier avec l’année scolaire 1990- 1991. Cette photo de classe de CM2 a été prise en 1991.Du CM2 en terminale, l’écolier, le collégien et le lycéen ont appris par cœur ce que le monde est devenu après les deux Guerres mondiales et l’effondrement du bloc de l’Est.
13 juillet 2025.
Visiter Berlin sans marcher le long de la East Side Gallery, c’est comme faire un tour à San Pedro chez moi sans découvrir le Rocher des amoureux. Dimanche, j’ai découvert les vestiges du fameux Mur de Berlin. La sensation est différente en parcourant les 1316 mètres de la plus longue section de ce qu’il reste du Mur. Ici s’est jouée une partie de l’Histoire du monde. Entre ce qu’on apprend dans les livres, le ressenti des humains et la force du terrain, il y a bien une différence.
À 9 ans, je reprenais le narratif que la télé, la radio, les journaux et mes livres d’Histoire débitaient. À 45 ans bien sonnés, je n’ai plus envie de me soumettre à cet exercice biaisé. Après 1945, 1989, le monde est entré dans une autre ère qui préfigure un bouleversement du coeur de son ordre marchand et de son centre de gravité décisionnel. C’est un mouvement. On peut tenter de retarder l’échéance. En vain. C’est la marche de la grande Histoire du monde qui le veut ainsi. Et c’est un privilège de vivre cette époque unique, avec un regard neuf débarrassé de tous les oripeaux de la propagande, d’où qu’elle vienne.
