Evo Morales le Bolivien ou la rupture intelligente dans la réappropriation des richesses nationales
Lecture vivifiante pour un dimanche ensoleillé. Dans la 5è partie de son ouvrage « la haine de l’Occident », le sociologue et polémiste suisse Jean Ziegler explique comment le premier président indien d’Amérique latine a réussi à nationaliser les ressources naturelles (pétrole, mines) de son pays, sans se faire assassiner ou se faire éjecter par un coup d’Etat comme en Equateur ou en Iran.Six mois après son élection historique en 2006, anticipant les réactions des multinationales et sans grand bruit, il s’était attaché les services de techniciens norvégiens, réécrit de nouveaux contrats rédigés par des experts américains indépendants financés par le Vénézuélien Hugo Chavez. Enfin, il avait pris soin d’avoir le soutien d’une puissance économique régionale le Brésil de Lula; Résultat, les multinationales se sont vues couper l’herbe sous les pieds, sans avoir le temps de préparer l’opinion internationale à une campagne anti-Morales. Trois leçons à retenir personnellement
– Pour la transformation structurelle des économies du Sud, pas besoin de technocrates de haut vol qui reproduisent des schémas inopérants et peu innovants. En Bolivie, Un syndicaliste présenté par l’auteur comme » un médiocre orateur » a réussi le pari.
– Le populisme qui se nourrit de slogans, d’émotions et d’un militantisme débridé a des limites et doit se réinventer.
– Face aux grands moyens du capitalisme triomphant, la capacité d’anticipation dans la stratégie est un gage de révolution intelligente dans la durée. C’est même ce qui manque actuellement aux successeurs de Chavez et Lula.