Aux pieds de Victor Hugo, dans la ville natale du démiurge français, on est tout de suite interpellé par la sculpture géante d’un autre démiurge, celui-là sénégalais, Ousmane Sow. Avec Hugo, la grandeur de la littérature comme arme de combat trouve tout son sens. Mais l’ interprétation extensive de ses phrases fortes peut conduire à l’hérésie.
« Quand la dictature est un fait, la révolution devient un droit ». Cette citation de l’écrivain français a servi de postulat mardi à un ancien officiel ivoirien d’une loquacité maladroite et souvent exaspérante pour légitimer la rébellion des Forces nouvelles en Côte d’Ivoire.
Chaque année, à la même période (19 septembre, date du coup d’Etat manqué mué en rébellion), les Ivoiriens s’adonnent à un exercice de réminiscence douloureux parfois sélectif suivant le camp auquel ils appartiennent. Assassinat de la démocratie ou légitimation d’une prise d’armes qui s’imposait? Chacun y va de son commentaire.
Ma position est simple:
Nier la situation discriminante identitaire qui régnait avant le 19 septembre 2002 en Côte d’Ivoire serait une entorse dirimante à la reconstitution de l’Histoire récente commune des Ivoiriens. Par contre, la révolution orange censée apporter la démocratie n’en a jamais été une. Elle a été un leurre qui continue de se nourrir à la sève de fantasmes politiques.