Cette interview de la célèbre avocate béninoise, première femme candidate à une élection présidentielle dans son pays, est vieille de 14 ans. Marie-Elise Gbédo m’avait accordé une interview à son cabinet de Gbégamey à Cotonou. L’une de mes premières interviews de correspond de l’agence de presse ivoirienne Alerte Info au Bénin.
Sa candidature symbolique n’a pas encore les faveurs des électeurs. Elle a le mérite d’avoir suscité des vocations dont Reckya Madougou, prisonnière politique sous Patrice Talon. Avant Gbédo dans l’arène politique, il y a eu la non moins charismatique Rosine Soglo ou encore Célestine Zannou, ancienne directrice de cabinet de Kérékou, avec qui j’ai échangé en avril 2016 à Malabo, en marge de la présidentielle équato-guinéenne.
Selon une doxa locale, les Béninois ne sont pas « prêts pour une femme ». Ce n’est pas le cas pour des millions d’Américains. Une juriste en cache une autre ( encore les juristes, ils ont de l’appétence pour ces choses). Kamala Harris pourrait être la première présidente des USA. Elle pourrait battre dans quatre mois l’insubmersible Trump. Un autre plafond de verre que l’Amérique de tous les possibles, celle qui fait rêver, donne sa chance à ceux qu’on n’attendait pas forcément au sommet, pourrait faire sauter ! Ici s’arrête tout mon ravissement pour la probable candidate démocrate.
L’élection de Trump en novembre prochain signifierait l’arrêt net de la guerre en Ukraine. On ne voit pas comment certains alliés européens , qui font preuve d’un bellicisme foireux depuis deux ans, feraient la guerre à la Russie, si les USA qui mènent une guerre par procuration, décidaient de se retirer. « Le monde libre » soutient Harris. Il n’a pas le choix. Pas question de perdre la face en Ukraine.
Le leadership féminin comme sinécure à une phallocratie en panne d’inspiration, je n’y crois pas. Le réflexe empirique d’ancien reporter est chevillé à ma mémoire. En 2011, au plus fort de la crise postélectorale ivoirienne, l’UE avait décidé d’un embargo sur les médicaments en direction d’Abidjan. Quid du droit à la santé de femmes enceintes, d’enfants, de malades chroniques qui ne demandaient qu’à vivre. La haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères était une femme: Catherine Ashton. Plus récemment, l’Italienne Claudia Del Re, représentante spéciale de l’UE pour le Sahel évoquait la volonté de ne pas « abandonner le Sahel », soulignant avec une curieuse satisfaction que « les sanctions portent leurs fruits ». De quel fruits doit-on se féliciter quand on prive des civils de médicaments pour faire plier un régime? Cynisme systémique.
L’Agenda. Je regarde à l’agenda pour lequel une femme leader est mise en mission ou pour lequel elle roule. J’observe sa marge de manœuvre dans le système qui la fait briller. Je regarde au fruit des vertus intériorisées sur le chemin de son ascension et pendant le magistère de son autorité. Le reste n’est que maquillage pour arriver à ses fins.