Le Bénin connaît une transfiguration infrastructurelle admirable qui conjugue efficacité et esthétique. La preuve, cette fresque murale de 4 km dans la zone portuaire que je découvre. Quant au bilan humain, il reste à améliorer.
Quand je mettais pied ici en janvier 2010 en tant que correspondant de l’agence de presse Alerte Info, je n’imaginais pas que cette terre serait de destinée.
Avant mon départ, un ami m’avait informé que le Service d’aide et d’assistance aux réfugiés et apatrides ( SAARA) voulait me rencontrer pour un entretien d’embauche. J’avais un DEA en droit international et action humanitaire depuis cinq ans et j’avais indiqué une prétention salariale de 600.000 FCFA net. Pourtant l’information ne m’avait pas fait frémir. Au Bénin, je serais payé à 70.000 FCFA avec quelques avantages liés à l’hébergement et aux frais de communication. « Têtu et con, qu’est-ce qu’il veut vraiment dans sa vie », s’était étonné l’ami. Je savais que quelque chose se jouait au Bénin pour ma destinée. C’était mon intime conviction.
Six mois après, je démissionnais de l’agence de presse qui m’employait. Mon confrère Anicet Tidjo de la même agence avait été accusé du vol d’un ordinateur de bureau par la directrice de l’agence qui voulait que je corrobore sa version des faits au commissariat. Ce que j’avais refusé. Anicet et moi avions passé deux heures au violon du Commissariat central de Cotonou en petits caleçons, à côté d’autres personnes qui attendaient leur défèrement. Le DG de l’agence à Abidjan s’était aligné sur la version de sa directrice d’agence. Le soir même de ma démission, le DG de l’agence de presse avait insisté pour que je vide l’appartement où je logeais. Il ne voulait pas me voir passer une seule nuit dans l’appartement de fonction.
Je me retrouvais à l’étranger sans revenus. Je ne voulais pas rentrer en Côte d’Ivoire. Je voulais faire de la télé . Et le Bénin s’y prêtait avec son avance audiovisuelle. C’est Anicet Tidjo qui m’a hébergé en famille pendant trois ans. Agontikon, Godomey et Cocotomey dans la disette comme dans l’abondance. Toutes ces circonstances ont fait de mon confrère un frère. L’amitié est un don de Dieu dans votre destinée.
Et puis il y a eu LC2 Télévision grâce au Français Patrice Louis, correspondant du journal Le Monde à Cotonou, la réalisatrice Elvire Boko et la DG Nadine Lagnidé. J’y ai rencontré mon binôme Hermann Juste Hinvi, Steev Hondjo et de belles amitiés. C’est au Bénin que j’ai obtenu mon visa pour la France, 9 ans en arrière. C’est un privilège d’y revenir, le cœur débordant de gratitude.
Enantchênouê kaka 🇧🇯 🙏🙏