Le Congo-Brazzaville célèbre, ce 15 août, le 57è anniversaire de son indépendance dans un contexte de crise économique et financière très tendu marqué par la chute vertigineuse de ses recettes d’exportation du pétrole. Dans le dernier trimestre de l’année, le FMI va mettre sous perfusion l’économie congolaise pour espérer redonner un coup d’éclat aux agrégats macro-économiques qui sont au rouge. La grogne sociale monte, les fonctionnaires sont désormais habitués au retard de paiement de leurs salaires. Chose incroyable il y a peu pour ceux qui dès le 25 du mois percevaient leurs émoluments! Où est donc passé ce Congo qui assurait le paiement des fonctionnaires centrafricains,  prêtait à la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara? Où est passé le Congo de ces années fastes? La « Lipanda », cette année, se fêtera sobrement, loin des dépenses somptuaires des fêtes tournantes.

En 2012 à Kinkala dans le Pool, en 2014 à Sibiti dans la Lékoumou, en 2015 à Ouesso dans la Sangha, j’ai pu être témoin des festivités tournantes couplées à la politique de développement local baptisée « municipalisation accélérée ». Un programme ambitieux de maillage infrastructurel du territoire national qui a révélé la stature de bâtisseur et le leadership de Sassou Nguesso depuis son retour au pouvoir, dans la phase de reconstruction post-conflit du Congo. Ces 15 dernières années ont été des années de progrès économiques indéniables.

Mais en tant qu’observateur, j’ai été frappé par un contraste consternant: l’écart abyssal entre la classe dirigeante et le petit peuple.Extrême richesse rivalisait souvent avec extrême pauvreté. 342 000 km2 pour 4 millions d’habitants et une production pétrolière avoisinant les 120 millions de barils en 2017 ( prévisions de 2015). Je n’ai jamais compris ce contraste saisissant sur la disparité dans la redistribution des richesses nationales. Quand je me suis penché sur la propension à l’exubérance, au luxe et aux prodigalités de la classe politique congolaise sans exception, alors j’ai compris beaucoup de choses. Tant que le pétrole se comportait très bien sur le marché international et que les excédents budgétaires flattaient l’orgueil, il y avait à manger et à boire pour tout le monde. Clientélisme, clanisme et copinage faisaient bon ménage.

Hier dans son traditionnel discours télévisé, à la veille de la célébration nationale, le président Sassou Nguesso a tenu un langage de vérité. « La situation du pays est préoccupante, je l’ai reconnue.Mais croyez-moi, nous ne sommes pas dans un désastre irréparable.Il n’y a ni faillite, ni banqueroute.La crise sera surmontée. Je mettrai toute mon énergie dans cette bataille », a assuré le chef de l’Etat congolais.

Sur la situation dans le Pool où l’armée est aux prises depuis de 15 mois avec les hommes du Pasteur Ntumi, le chef des armées s’est voulu intransigeant:  » l’irresponsabilité d’un individu ne prendra jamais le dessus sur la raison de la nation, sur la sagesse du peuple ».

C’est dire que la solution pacifique n’est pas envisageable pour le moment et que l’armée congolaise se battra encore au Pool jusqu’à la réédition du rebelle Ntumi.

La crise oubliée du Pool combinée à la situation d’une économie exsangue n’augure pas d’une fin d’année calme et paisible.En attendant le rebond hypothétique du baril de l’or noir,  tout ou presque est au ralenti à Brazzaville !  les vieux démons de la sur-facturation aussi !

Zran Fidèle GOULYZIA

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Docteur en Droit international - Ecrivain - Journaliste

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