C’est le sujet qui alimente toutes les conversations à Brazzaville et à Kinkala dans le Pool (sud du pays).La main tendue du chef de l’Etat congolais aux combattants du pasteur Ntumi qui ont pris le maquis depuis la proclamation des résultats contestés de la présidentielle de 2016.
Le Pool, c’est le grenier de Brazzaville. La région est riche de son agriculture qui ravitaille les marchés de la capitale politique congolaise. En 2012, à l’occasion de la célébration du 52è anniversaire d’indépendance et en 2015 lors d’une campagne humanitaire, j’ai pu apprécier en tant que reporter, la vitalité de l’économie de Kinkala, capitale du département.Une ville qui porte encore les stigmates des deux guerres civiles du Congo et qui s’est reconstruite avec le soutien de l’Etat central.Une ville et une région qui ont replongé dans la dure réalité de la guerre en 2016.
Mardi au cours d’une rencontre avec les sages et les notables du département du Pool, le président Sassou Nguesso a invité les ninjas à déposer les armes contre la garantie de leur intégrité physique, la rémunération par arme déposée et l’insertion sociale.
« Personne ne sera tué. C’est la parole du père de la Nation. D’ailleurs, notre Constitution interdit la peine de mort. », a assuré le chef de l’exécutif congolais.
Le président congolais se présente en grand conciliateur, là où en août dernier lors de son discours télévisé à la veille de la fête nationale, il avait privilégié la raison d’Etat, martelant cette phrase à l’endroit du Pasteur Ntumi: « l’irresponsabilité d’un individu ne prendra jamais le dessus sur la raison de la nation, sur la sagesse du peuple »
Que s’est-il passé entre-temps?
Ce n’est pas vraiment un virage à 180° du président Sassou. Il n’a jamais fermé la porte des négociations, même si ses options étaient clairement militaires jusque Mais la situation économique du Congo n’autorise plus des dépenses somptuaires pour maintenir la présence de l’armée dans le Pool.La réunion avec les sages et notables du Pool était certainement prévue de longue date. Mais sa coïncidence avec la présence de la délégation du FMI à Brazzaville depuis fin septembre est à relever.Pour sûr, la résolution pacifique de la situation dans le Pool a été posée comme préalable tacite à toute prise en compte d’un programme du FMI en faveur du Congo. Un Etat congolais en position de faiblesse à la table des négociations avec un FMI venu sur ses grands chevaux habituels et contraignants. Un contentieux à solder, cette dette publique contractée avec la Chine et cachée par les autorités congolaises à l’institution financière de Bretton Woods. Le président Sassou Nguesso reconnaît la situation difficile de son pays mais a indiqué qu’il mettrait « toute son énergie dans la bataille ». Et à ce stade, aucun sacrifice n’est grand pour assainir la situation financière du Congo, même discuter avec le rebelle Ntumi. La diplomatie du tout nouveau président de l’Assemblée nationale Isidore Mvouba, lui-même fils du Pool, est en marche.
Certains opposants invétérés du pouvoir de Brazzaville peuvent exprimer des doutes en raison de l’horrible précédent des « disparus du Beach ». Mais pour de nombreux fils du Pool, c’est déjà un bon pas. Monseigneur Louis Portella, évêque de Kinkala ne dira pas le contraire; lui qui a toujours déploré les affres d’une guerre oubliée à laquelle les civils continuent de payer le plus lourd tribut.Tout comme l’artiste chanteur Zao que j’ai rencontré à Sibiti et qui pendant les deux guerres civiles, s’était réfugié dans la forêt dense du Pool.
Au nom de l’humanité et de la dignité des populations du Pool, l’espoir est permis !