Sans ambages, ma réponse est négative !
J’ai pris définitivement mes distances avec l’idée d’une transmission générationnelle du pouvoir en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas cela l’enjeu de la présidentielle de 2020. L’enjeu, c’est de sortir de l’autocratie installée par une certaine élite française à coups de canons et au prix du sang innocent d’Ivoiriens. Mais comment y parvenir d’autant plus qu’on ne se débarrasse pas d’une classe politique par décret?
C’est pourquoi cette image de Guillaume Soro et Blé Goudé me parle!
D’emblée, soyons francs avec nous-mêmes : si la crise ivoirienne devait se résoudre sous le prisme d’un baromètre d’accolades chaleureuses, on le saurait depuis ! Et on aurait épargné les 3000 vies et même plus de la crise postélectorale ainsi que tous les morts enregistrés depuis l’éclatement de la rébellion de 2002.
Par contre, la rencontre sur une terre étrangère (La Haye, terre historique du droit international, de négociation de traités historiques qui nous rappelle que toute belligérance a une fin par le dialogue ) d’anciens bras séculiers des protagonistes de la crise ivoirienne ne peut laisser personne indifférent !

D’un côté, Guillaume Soro, chef assumé de l’ex-rébellion ivoirienne qui a installé au pouvoir Alassane Ouattara avec le précieux soutien de gendarmes français hyper-entraînés et de réseaux diplomatiques acquis à sa cause !
De l’autre, Blé Goudé, icône d’un réveil patriotique souvent galvaudé dans le feu de l’action, tribun invétéré plus proche de Laurent Gbagbo que de l’appareil du Front populaire ivoirien avec lequel il semble s’affranchir de toute consigne partisane.
Une chose est certaine: l’image fait bouger Abidjan.
Il y a ceux pour qui les comptes de la crise postélectorale ne sont pas soldés et qui seront en toute légitimité indignés en pensant aux nombreux morts inutiles dans chaque camp. Ceux-là crieront trahison !
Il y a ceux qui n’y verront que de la stratégie politique et médiatique d’un ancien camarade syndicaliste qui a désormais le dos au mur , acculé par ses anciens mandants. A ceux-là, il faut peut-être répondre que le gain politique de cette rencontre est partagé au moment où la procureure de la CPI veut sauver sa face au moyen d’un dernier baroud d’honneur.
Et Il y a ceux qui, comme moi, pensent que les deux produits les plus médiatiques de la balbutiante démocratie ivoirienne n’ont pas le droit de léguer par procuration leur haine et leurs schismes idéologique et factuel aux plus jeunes. Et qu’ils doivent transcender les contradictions puérils de leurs aînés politiques.
De là à penser que le prochain patron de l’exécutif ivoirien (en 2020) se trouve- sur cette photo, je ne franchirai pas le pas. C’est une autre paire de manches !