“Pendant la campagne, tout le monde est apaisé. C’est une fête populaire car le Togolais n’est pas violent. C’est au moment des résultats, quand on fabrique des résultats, que tout se gâte » .
Je me rappelle encore ces propos d’un responsable de jeunesse de l’UFC ( à l’époque principal parti de l’opposition togolaise) . C’était le 2 mars 2010, lors du dernier meeting de campagne au stade municipal de Lomé avec cette image de légende: l’accolade entre le challenger de Faure Gnassingbé, Jean-Pierre Fabre, et l’opposant historique Gil Christ Olympio. J’ai encore dans mes affaires un vestige de cette campagne: un sifflet jaune, gadget incontournable de mobilisation. J’ai encore en mémoire cette formule de l’UFC pour galvaniser ses troupes“Essounéné, Ablodé“ (ça suffit, nous voulons la liberté). J’avais produit le lendemain ce papier ci-dessous pour Alerte Info, l’agence de presse qui m’employait.
Puis quelques jours plus tard, tout allait effectivement se gâter. La coalition de l’opposition annonçait avoir remporté la présidentielle du 4 mars avec “une avance confortable“ se situant entre 75 et 80%; Jean-Pierre Fabre se fondait sur les résultats de la préfecture du Golfe et de la commune de Lomé “qui comptent le tiers du corps électoral“ et de sept autres préfectures du Togo.
La réplique du pouvoir donnant vainqueur Faure Gnassingé avait été alors orchestrée à Togo 2000, chic quartier aménagé vers l’aéroport, par Pascal Bodjona, le tout-puissant ministre de l’administration territoriale lui-même tombé en disgrâce quelques années plus tard. Bè, le quartier populaire de Lomé acquis à la cause de l’opposition, s’était enflammé. Et puis, plus rien ! Faure venait de rempiler !! Il fallait passer à autre chose. C’est comme ça , un point un trait !
Samedi prochain, les électeurs togolais sont appelés aux urnes pour peut-être le même scénario. Avec cette fois-ci une donne légèrement modifiée: une nouvelle Constitution qui permet un scrutin uninominal à deux tours et le vote de la diaspora. Faure Gnassingbé a repris la main après la zone de turbulence de 2017-2019, en gagnant du temps grâce à ses soutiens au sein de la CEDEAO. Il est en roue libre vers un quatrième mandat devant une opposition émiettée. Il peut brandir la relative embellie infrastructurelle et économique de Lomé, en se présentant comme le garant de la paix. Ainsi va la dynastie Gnassingbé ! On ne change pas une dynastie qui gagne ! Le rêve d’alternance n’est pas proche ! Enfin ! Sauf cataclysme !
Si la dévolution monarchique du pouvoir prospère, ne te lamente pas ! laisse la mourir de sa propre mort.Car en fait, comme le mensonge, elle ne peut que produire des fleurs, pas des fruits.Il n’y a rien d’éternel sous le soleil sauf dans la tête de ceux qui aveuglés par les petits privilèges du moment manifestent un zèle pour un système décadent.
Vive le Togo de Sylvanus Olympio et de tous ses héritiers politiques.