J’ai longuement échangé ce midi avec un ancien ami de fac passionné de diplomatie qui rêve d’être en poste à New York. Au coeur de nos échanges, le débat qui a lieu actuellement sur le maintien de la Minusma. Je lui ai dit toute mon admiration pour l’actuel patron de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop. Il m’a dit que le diplomate malien ne faisait pas œuvre originale. 12 ans en arrière, pendant la crise postélectorale, son homologue ivoirien Alcide Djédjé avait admirablement porté la voix de la Côte d’Ivoire aux Nations unies, essuyant souvent les quolibets de ses pairs africains dans les couloirs de l’organisation universelle. « Ça va pas quelque part », a-t-il conclu à l’ivoirienne. Il n’a pas tort l’ami. Mettez les militaires français à la porte, ils reviendront par la fenêtre en s’appuyant sur vos propres frères de la CEDEAO ou sur l’OTAN. D’ailleurs, c’est encore et toujours la France qui rédige, corrige et fait voter toutes les résolutions onusiennes à l’origine de la création ou de l’élargissement du mandat des opérations de maintien de la paix dans son pré carré. Pourtant la situation au Mali n’a pas, heureusement, toutes les chances de connaître la même issue que la crise ivoirienne: c’est-à-dire l’abdication pure et simple des velléités souverainistes des tenants du pouvoir. Abdoulaye Diop est rompu aux arcanes du système onusien. Son verbe haut tranche avec l’hypocrisie ambiante d’un milieu où l’obsession de la carrière conduit à choisir ses mots. Mais un diplomate n’est rien sans la volonté politique qui l’envoie en mission. Des Abdoulaye Diop foisonnent dans tous les Etats farafinois. A la connaissance technique des dossiers, ils allient des valeurs de probité et de dignité. C’est leur devoir de réserve et la posture diplomatique de L’Etat qu’ils servent qui laissent instiller dans l’opinion publique le mensonge selon lequel la volonté d’autodétermination des peuples farafinois est un épiphénomène de rue, pas très sérieux, porté par une frange « populiste », « minoritaire » d’activistes « panafricanistes » « haineux ». Pas sûr que ceux qui veulent « punir » et faire « payer très cher » l’indocilité des dirigeants actuels du Mali parviennent à leurs fins. De Pretoria à Alger en passant par Bamako, Niamey, Bangui, l’hymne de la liberté entonné par des foules en liesse est loin d’être un épiphénomène. Il ne faut pas croire que tous ceux qui ne s’affichent pas n’ont pas une claire conscience des enjeux du moment. La rupture méthodique et structurée face à la servitude consentie n’est pas du verbiage creux ; Elle est en marche, elle est irréversible. Ça va se faire !