Les enfants Lumumba ont récupéré la dent de leur illustre géniteur au cours d’une cérémonie d’une symbolique unique au Palais d’Egmont à Bruxelles. Le bourreau belge s’est excusé. Il a concédé sa « responsabilité morale » dans l’assassinat du héros indépendantiste congolais. 60 ans en arrière, d’un sang-froid machiavélique, la CIA, les suppôts locaux – Mobutu et Moïse Tshombe – et des agents secrets belges ont fait le job: éliminer la grande gueule de l’autodétermination congolaise dont le crime de lèse-majesté aura été d’inviter dans l’ancienne propriété du Roi Léopold II « le grand méchant ennemi communiste russe  » en pleine guerre froide. Le bourreau s’est excusé. Il ne s’est pas repenti. Quand bien même il l’aurait fait, sa posture dans l’arène internationale trahirait son hypocrisie. Dans les faits, l’Etat belge qui abrite le siège de l’Union européenne est toujours installé confortablement dans sa bulle unipolaire occidentale. Ceux qui tancent les Farafinois sur leur « éternelle » posture « victimaire » et « improductive » ont leur réponse. L’apaisement des mémoires liées à l’esclavage et à la colonisation n’est pas une relique argumentaire passéiste à brandir sans cesse dans un monde en pleine mutation. Les mêmes causes qui ont conduit à l’assassinat planifié et collégial de Lumumba n’ont pas disparu. Elles sont prégnantes. Face à l’imposition d’un nouvel ordre mondial, le nouveau monde pend au nez: un monde multipolaire où l’atlantisme et l’eurocentrisme n’imposeront plus le diktat d’un universalisme trompeur qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes mais qu’ils proclament avec arrogance sur fond d’angélisme politique. « Lipanda, Lipanda », le refrain de liberté qui avait inspiré Lumumba et ses compagnons sur la rive gauche du fleuve Congo connaît une résurgence sur le continent. Cette fois-ci, plus personne n’ira chercher les reliques d’un martyr dans une capitale européenne. Le temps des martyrs est révolu. L’éternelle posture victimaire aussi. Les nouvelles générations ne s’apitoient pas sur leur sort. Elles iront chercher avec stratégie leur véritable indépendance. Brutal pourrait être le réveil pour ceux qui pensent présider indéfiniment aux destinées des autres.

Zran Fidèle GOULYZIA

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Docteur en Droit international - Ecrivain - Journaliste