Le 30 juin dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU a mis fin, à l’unanimité de ses membres, au mandat de la Minusma, dix ans après sa création par la résolution 2100. Victoire diplomatique malienne ou erreur de stratégie ? Pas si simple à trancher. En novembre 2015, une semaine après l’attentat contre le Radisson Blu à Bamako, j’avais pu mesurer la vitalité et la résilience du peuple malien face à l’adversité. J’y étais avec Jean Jacques Varold, mon confrère de Vox Africa bureau Afrique de l’ouest à l’époque. Nous y étions sur invitation d’un homme d’affaires qui expérimentait dans son village, à 60 km de Bamako, l’électrification à l’hydrogène naturel. L’idée étant de projeter au sommet de la Cop21 à Paris les résultats de ce projet pilote qui, dupliqué à une échelle nationale, serait une alternative conséquente au déficit énergétique de son pays. L’hydre terroriste régnait déjà en dépit de la présence militaire française et onusienne. La Minusma a-t-elle été à la hauteur de son mandat dans un pays deux fois plus grand que la France ? C’est à l’aune du choix stratégique sécuritaire du Mali qu’il faudrait analyser la question. De ce point de vue, le Mali reste logique avec lui-même puisque les colonels de Bamako opèrent depuis deux ans une rupture méthodique et structurée à l’égard d’un partenaire traditionnel désavoué et aux abois. Les « spécialistes » télégéniques qui déversent à longueur de journée leur savoir livresque n’ont pas vu venir ce changement de paradigme. Le 30 juin 2017, dans des conditions différentes, le Conseil de sécurité avait mis fin au mandat de l’ONUCI en Côte d’Ivoire. L’opération a emporté avec elle les fantômes errants d’une décennie de crise soigneusement comprimés dans l’hermétique placard des secrets de la crise post-électorale de 2010 où les Casques bleus ont participé de façon directe aux hostilités pour renverser un régime en vertu d’une curieuse résolution 1975 leur demandant naïvement de neutraliser les armes lourdes de Gbagbo. Pourtant, l’ONUCI, tout comme la Minusma, a beaucoup donné à la Côte d’Ivoire (ONUCI FM, initiatives coopératives et associatives locales) mais a échoué là où on l’attendait : le désarmement de tous ceux qui n’avaient pas le droit de porter des armes. C’est à l’Etat national de défendre chaque parcelle de son territoire, sans attendre l’ONU; d’ailleurs, inviter l’ONU chez soi quand on est ancienne colonie française et que la France continue de tenir votre plume à l’ONU, c’est faire entrer par la fenêtre celui que vous chassez par la porte. La résolution 2690 du 30 juin dernier désigne toujours la situation du Mali comme « une menace contre la paix et la sécurité internationales » avec la mise en branle à tout moment du chapitre VII coercitif de la charte onusienne. C’est une logique de guerre d’usure pour faire payer au Mali sa volonté inébranlable de rupture, en imposant une belligérance artificielle manipulée. Les cinq colonels de Bamako sont avertis !

Zran Fidèle GOULYZIA

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Docteur en Droit international - Ecrivain - Journaliste