Dans six mois la Côte d’Ivoire organisera la messe continentale du foot : la CAN. Les autorités ivoiriennes annoncent l’organisation la plus « chocolatée » de l’histoire de la compétition. Le pays a les moyens de tenir promesse, 40 ans après avoir abrité la même compétition. La Côte d’Ivoire ne peut pas faire moins qu’en 1984. Cet évènement unique va consolider sûrement le sentiment national. San Pedro, ma ville (deuxième port ivoirien et premier port d’exportation du cacao au monde ), abritera une poule. On se donnera rendez-vous certainement au Bardot 18. Mais là n’est pas le sujet de mon post.

Lundi soir, la diffusion d’un excellent documentaire sur la chaîne privée NCI a été quelque peu noyée par l’actualité du décès de l’immense Francis Wodié et de l’annonce de la non candidature du président Sall en 2024. Mention spéciale à l’équipe de NCI pour ce documentaire sur les secrets de la victoire historique de l’équipe nationale de football à la CAN 92 au Sénégal. La toute première dans l’Histoire du foot ivoirien avec un sélectionneur local.

Il y a 9 ans, le média pour lequel je travaillais s’est essayé au même exercice. En 2013, mon DG de l’époque, Steev Hondjo (transfuge de LC2 Télévision comme moi ) met sur pied une web tv qu’il veut de dernière génération avec une résolution d’images en haute définition. ll mobilise tous ses réseaux sur le continent pour donner une dimension panafricaine au projet. Il me fait l’honneur d’en être le rédacteur en chef. Un collègue béninois, Stéphane Agbessi-Loko, assure la direction technique du projet. Neuf mois avant la CAN 2015 en Guinée équatoriale, je propose à mon DG l’idée d’un documentaire sur la victoire des Eléphants ( l’équipe nationale ivoirienne) à Sénégal 92. Il la valide mais émet un bémol : Pas de documentaire sans les figures de proue de l’épopée Ziguinchor – Dakar. Pas de documentaire sans Gadji Céli exilé en France. Le Congolais Roger Musandji de Oeil d’Afrique convainc le capitaine des Eléphants de la justesse du projet. Toute la rédaction se mobilise. Notre regretté confrère Jonas Saraka et les talentueuses Ruth Lago et Solange Traoré assurent l’essentiel des interviews. Sur notre tableau de chasse, on réunit le ministre des sports de l’époque Réné Diby, Yéo Martial le sélectionneur, Didier Ottokoré, Gadji céli, Abdoulaye Traoré, Aka Kouamé. On manquera de justesse les gauchers nominaux Youssouf Fofana et Lucien Kassi Kouadio. Alain Gouaméné ( le portier qui arrête le dernier tir du Ghanéen Anthony Baffoué ) et Oumar Ben Salah ne veulent pas parler. Un seul coup de fil du très respecté Yéo Martial décante la situation ; Gouaméné nous confiera ce qu’il n’avait jamais dit auparavant à une télé. Patrick Brédé s’échine au montage pendant des nuits blanches. Au bout de six mois de tournage et de post-production, nous sortons un documentaire inédit de 52 mn diffusé sur notre plateforme quelques semaines avant la CAN 2015. A Malabo, les Eléphants de Hervé Renard ont fière allure. Ils jouent la troisième finale de leur histoire le dimanche 8 février contre le Ghana des frères Ayew qui veulent prendre la revanche de leur père, grand absent de la finale de 92. L’histoire va-t-elle se répéter? En milieu de semaine, je prends sur moi de rencontrer à la RTI une responsable de la Rédaction ; Je lui propose la diffusion du documentaire avant la finale. Elle promet de faire de son mieux. Un tweet du ministre des sports Alain Lobognon sur notre documentaire vaut son pesant d’or. La RTI programme le documentaire deux heures avant la finale. L’audience est au rendez-vous. La Direction commerciale insère deux plages publicitaires pendant la diffusion du 52 mn. C’est de bonne guerre. Pour nous l’essentiel est fait : permettre aux Ivoiriens de découvrir les secrets d’une aventure footballistique qui a cimenté leur histoire commune et fait grandir le sentiment national d’appartenance à une destinée commune. Après une séance interminable de tirs aux buts, le coup de pied de Copa Barry fait bégayer l’Histoire. Les Eléphants remportent leur deuxième étoile continentale face aux Black Stars. La Côte d’Ivoire exulte de joie. Dans tous les domaines, il y a des choses à faire, à dire, à montrer surtout que les acteurs sont encore vivants. Il ne faut pas attendre leur mort. C’est le rôle du service public de l’audiovisuel. Face au diktat du divertissement souvent abrutissant, la sublimation de notre Histoire commune est un impératif. Il est temps de rétablir l’équilibre. A l’année prochaine pour une troisième étoile sur le maillot de nos chers Eléphants. Le rendez-vous est pris.

Zran Fidèle GOULYZIA

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Docteur en Droit international - Ecrivain - Journaliste