Cette image, je la garde jalousement dans mes archives de reporter, en raison de sa charge affective: Elle date de janvier 2012 à Cotonou. A la faveur de la CAN Gabon/Guinée Equatoriale, j’avais mené une interview pour le compte de LC2 Télévision avec le patron du Séwé Sport de San Pedro (ma ville d’adoption dans le sud-ouest ivoirien), Eugène Diomandé. Bon vivant et fin connaisseur du ballon rond, sa touche managériale à la tête du Séwé avait transfiguré profondément le club de la seconde ville portuaire ivoirienne où transite 80% du cacao ivoirien. Je lui voue une grande admiration car de lui, je retiens un maître-mot: la méthode. Tout le contraire ce que les sportifs ivoiriens dénoncent depuis la débâcle à domicile de l’équipe nationale de football samedi soir à Abidjan.Bouc-émissaire de cette humiliation de trop, Sidy Diallo, l’actuel patron de la Fédération ivoirienne de football (FIF).
Pourtant, Sidy Diallo n’est pas un novice dans le football ivoirien. Il a été de tous les combats secrets des Eléphants. Il a donc une légitimité à diriger l’instance faitière du football ivoirien.En 2014, alors que j’étais rédacteur en chef de la web tv panafricaine AFRIKATV, mes collègues et moi avions réalisé un documentaire inédit diffusé en février 2015 par la RTI , à la veille du remake historique de la finale contre les Blacks stars. De Gadji Céli interviewé à Paris par nos équipes à Yéo Martial, Oumar Ben Salah, Alain Gouaméné, Abdoulaye Traoré à Abidjan, tous, étaient unanimes sur le leadership de Sidy Diallo, homme orchestre, homme pragmatique ayant fait ses preuves avant et pendant la gestion de Dieng Ousséynou.
La légitimité ou les qualités intrinsèques du natif de Djékanou ne sont pas mises en cause. C’est sa capacité managériale à maintenir le cap délégué au forceps par Jacques Anoma qui n’a jamais convaincu. Sidy Diallo est tout sauf un bon manager.
Affairisme outrancier dans les couloirs de la FIF, mise à dos d’anciens compagnons de routes dépités par le partage du gâteau, opacité dans les contrats de retransmission des matchs du championnat par le groupe Canal+, choix discutables de sélectionneurs de Lamouchi à Dussuyer en passant par Wilmots, bras de fer réguliers avec les présidents de clubs, friction et censure des journalistes qui naviguent à contre-courant des idées de la FIF; La litanie de la gestion scabreuse de Sidy Diallo n’est pas exhaustive.
Disons le tout net: Sidy Diallo manque de méthode et n’est pas à la hauteur. Et c’est même de l’euphémisme de le dire.
Mais que sert-il de blâmer le patron de la FIF quand on sait qu’il ne démissionnera jamais sauf si l’ordre vient de Très-Haut?
En fait, une victoire samedi soir au stade Félix Houphouet Boigny aurait rendu inaudible toutes les critiques que la gestion de l’actuel président de la FIF cristallise. Brandissant ses résultats, l’homme a toujours montré de l’arrogance et de la défiance: deux finales de CAN dont une remportée en 2015, la participation au Mondial brésilien, la campagne à succès de séduction de talentueux bi-nationaux qui a permis à de jeunes espoirs comme Max Cornet, Wilfried Zaha de porter le maillot des Eléphants. Ne faisons pas la fine bouche, ce n’est pas rien! Mais, Sidy Diallo et compagnie, de nombreux sportifs ivoiriens n’en veulent plus !
De deux choses l’une: soit on pousse par quelque moyen que ce soit à la sortie Sidy Diallo et sa bande, soit on se tait et avec indolence on assiste à cette gestion, en espérant qu’un résultat vienne toujours comme l’arbre qui cache la forêt.
Le Cameroun, l’Egypte, le Sénégal, le Nigeria, le Maroc ont connu leur période de disette, après avoir procuré des moments historiques à tout un continent. Ces nations ont pris le temps de se reconstruire et de revenir sur la scène continentale et mondiale.
On ne gère pas une fédération comme on gère des pompes funèbres, à moins qu’on veuille amener à un abattoir d’émotions tout un peuple. En 2021, à domicile, la Côte d’Ivoire a l’occasion de se racheter, en se reconstruisant par dose rationnelle de réformes non cosmétiques. Mais de grâce, pas avec cette équipe dirigeante actuelle!
