Ce jour-là
2 février 1999
Hugo Chavez est investi président du Venezuela.
Se réclamant du bolivarisme, ce militaire avait pour lui un charisme contagieux, un pragmatisme remuant et un leadership dérangeant.
La marche des peuples vers leur destinée enregistre l’entrée en scène de figures que les câbles diplomatiques et ceux du renseignement ne voient pas venir ou qu’ils ignorent dans leurs fiches. Des figures brûlant de patriotisme pour leur pays. Militaire ou civil, c’est un faux problème. Le véritable curseur d’une grille de lecture holistique et lucide, c’est l’agenda pour lequel travaille ouvertement ou discrètement celui qui détient l’effectivité du pouvoir dans un pays.
Après un quart de siècle de chavisme, le Venezuela poursuit sa marche.
Vous pouvez choisir de vous fier aux indicateurs d’une revue de médias mainstream et vous arrêter à un premier niveau d’analyse. Vous allez alors répéter une rhétorique bien-pensante et rodée : ruée vers l’étranger de 7 millions de Vénézuéliens, taux de pauvreté le plus élevé d’Amérique latine, malnutrition incroyable dans un pays gâté par la nature, hyperinflation faisant ironiquement le lit de la dollarisation de l’économie. Vous ajoutez à cela le bilan des droits de l’homme, et vous avez le profil « des dictatures populistes tiers-mondistes » brillamment décrites avec une érudition livresque par des experts cooptés pour le job.
Pourtant les peuples sont en lutte pour sortir de la fatalité d’une misère imposée. Depuis 2019, le Venezuela de Maduro subit de plein fouet des contre-mesures américaines sur ses exportations de pétrole, de gaz et d’or. La raison est bien simple. Le cheval de Troie incarné par Juan Guaido a fait pschitt ! L’Histoire est un témoignage. Le Chilien Salvador Allende a subi la même chose. Entre 1970 et 1973, Washington craignait l’effet contagion d’un modèle socialiste chilien dans la région. La CIA reconnaît aujourd’hui avoir financé la quasi-totalité des mouvements sociaux sous l’impulsion de l’aristocratie locale chilienne tout comme les programmes de torture sous l’horrible Augusto Pinochet qu’elle a installé.
On parle très peu de l’atrocité et de l’inhumanité des programmes pétrole-nourriture en Irak, des pénuries alimentaires artificielles crées pour déstabiliser un régime, de l’embargo surréaliste sur les médicaments pour étouffer un régime ( alors qu’en réalité on étouffe femmes enceintes, bébés, vieillards, malades chroniques…). Pourtant ces actes inhumains sont validés par des élites sorties des plus prestigieuses écoles au monde mais qui travaillent pour un agenda dicté par un imperium à qui elles doivent leur ascension ou leur maintien.
L’idéologie peut servir à maquiller des insuffisances. Le Tout-idéologie ne peut prêter indéfiniment main forte à la mauvaise gouvernance et au glissement vers l’autoritarisme. Pragmatisme et exemplarité doivent avoir le dernier mot. Honneur au Venezuela bolivarien. Honneur à tous les peuples en lutte du bon côté de l’Histoire !