Quand on sort la tête de ce pavé, on est tenté de surestimer la force des renseignements et de minorer celle des peuples qui marchent dans le sens de l’Histoire. Tueurs de la République ou tueurs de démocratie? Que pèse vraiment le droit dans la zone grise de la raison d’Etat ? Parle-t-on encore de démocratie quand le choix des peuples est aux mains de rentiers et de lobbies ?

L’envers du décor n’a rien de romantique. Il est glacial. La France officielle a l’art de jouer sur plusieurs tableaux. L’exécutif français, qu’il soit de gauche ou de droite, a toujours manié les renseignements pour retourner des situations inconfortables, contredisant la parole officielle.

Il y a un vernis juridique très mince apposé sur les opérations militaires extérieures françaises. On a beau brandir l’opposabilité des accords de défense avec une ancienne colonie ou l’article 51 de la Charte des Nations unies ( en matière de légitime défense collective ou individuelle), un voile de duplicité couvre les Opex françaises. Emmanuel Macron a été capable de réunir à Paris les deux protagonistes de la crise libyenne (Sarraj – Haftar ) sachant pertinemment que le Commandement des forces spéciales assurait la protection du Premier ministre de transition adoubé par l’Onu, et que dans l’Est libyen, des éléments du mythique Service Action de la DGSE prêtaient main-forte au maréchal.

De quelle marge de manœuvre dispose un putschiste librevillois en parfaite intelligence avec les renseignements français, quand bien même il poserait des actes allant dans le sens d’une gouvernance préférentielle pour les Gabonais ? Au prix d’un nettoyage programmé de basse-cour, le serpent a juste fait sa mue.

Les trois dernières sorties de Macky Sall montrent que le président sortant sénégalais prépare les esprits à un blocage institutionnel justifiant une irruption historique de l’armée sur la scène politique. C’est une lapalissade. Les dessous des cartes montrent que le Premier ministre Amadou Ba n’est pas le premier choix de Sall et qu’il tente de repositionner Karim Wade dans la course. Et ce plan, il ne peut l’échafauder tout seul.

C’est pourquoi je trouve ridicule cette propension des opposants africains à raser les murs de l’Elysée ou des chancelleries occidentales pour dénigrer leur propre pays ou faire un tour des médias francophiles pour se donner une « contenance internationale ». Diplomatie active ? servilité improductive ! Les renseignements font leur travail déjà ! En Côte d’Ivoire, ceux qui avaient embouché la trompette des enfants esclaves dans les champs de cacao ivoiriens pour noircir le tableau de l’ancien régime déploient aujourd’hui des milliards dans des campagnes pour contredire ce qu’ils avaient ventilé à leurs lobbies.

Ce n’est pas une vaine spéculation idéologique de penser qu’une race décomplexée de dirigeants émerge. Elle n’est pas sortie du moule manipulé des dessous des cartes. Elle fera sa part. L’époque s’y prête.

Zran Fidèle GOULYZIA

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Docteur en Droit international - Ecrivain - Journaliste