26 juillet 2023 – 26 juillet 2024.
Un an que l’armée nigérienne a débarqué le président élu Bazoum. Depuis douze mois, une nouvelle architecture sécuritaire endogène soutenue par une orientation stratégique hors du giron atlantiste se dessine.
Y aurait-il de bons ou de mauvais coups d’Etat dans le pré carré français ? À chacun son opinion. Si vous êtes formaliste jusqu’à la moelle, vous reproduirez, comme un perroquet d’Amazonie, le discours dominant servi par les médias de l’audiovisuel extérieur français et tous les spécialistes et universitaires satellites coptés pour la besogne. « Ploucs, idiots, ignares, stupides, incompétents, cons, ces soldats africains ».
Si vous décidez de voir l’envers du décor, une autre réalité s’offrira à vous. Dans son pré carré traditionnel, la France sait jouer sur plusieurs tableaux. Qui mieux que ceux qui ont été au cœur des barbouzeries françafricaines pour le dire. En 1993, au procès du mercenaire Bob Denard, voici ce que Maurice Robert, ancien ambassadeur français au Gabon, ancien cadre des renseignements et d’Elf, déclarait, relativement aux changements de régimes : » Il y a trois genres d’action pour la DGSE: celles où le service exécute lui-même, celles qu’il fait faire, et celles où la France ferme les yeux, tout en appuyant l’opération, quand cela sert ses intérêts. »
Sans rupture frontale avec ses intérêts, un coup d’Etat est bon. Cas pratique, 25 ans en arrière chez moi. Le 24 décembre 1999, Henri Konan Bédié est renversé par un coup de force qui met en avant Robert Guéï.
La réaction des deux opposants en verve à l’époque est bien étrange. Le premier, alors au Gabon, rallie Bouaké. Il évoque, une fois en terre ivoirienne, « un coup d’Etat salutaire ». Le second, en exil, parle de « révolution des œillets » en référence au renversement historique de la dictature Salazar par de jeunes officiers portugais.
25 ans après, il est impensable que ces deux personnalités n’aient pas été mises dans la confidence par leurs réseaux respectifs relativement à qui avait les manettes du renversement abidjanais.
Si elles ne font pas dans la langue de bois, elles nous édifieront un jour dans leurs Mémoires. Pour l’heure, le courage historique revient au professeur Jean-Nöel Loucou qui écrit dans son dernier ouvrage préfacé par Bédié que « Le coup d’Etat perpétré le 24 décembre 1999, a été conçu et planifié par deux généraux français, Jeannou Lacaze et Raymond Germanos, sur instruction du pouvoir français, tout en mettant en avant des militaires ivoiriens ». A cette époque, la France est en pleine cohabitation Chirac -Jospin. « Les instructions » sont venues de qui ? Qui détenait la réalité du pouvoir en matière de politique étrangère à cette époque? Le PM de gauche ou les réseaux chiraquiens ? À fouiller.
Avant d’agonir d’injures d’autres peuples voisins, il faut connaître sa propre histoire. Feindre de ne pas la connaître relève de la mauvaise foi.