C’est la formule choisie par Yves Bonnet, ancien patron de la défunte DST française, pour désigner l’hypocrisie internationale qui entoure le nucléaire militaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La parution de 397 pages est vieille de 16 ans mais d’une actualité instructive. C’est une constante chez les experts et spécialistes français. Ils retrouvent une sorte de lucidité placide quand ils ne sont plus en mission dans la matrice de l’imperium gaulois. L’homme des renseignements pose les bonnes questions.
Au nom de quoi peut-on interdire le nucléaire militaire à une civilisation aussi vieille que la Perse, alors que l’homme européen n’est entré dans l’Histoire de l’humanité il y a juste trois mille ans?
Pourquoi avoir fermé les yeux sur le nucléaire pakistanais dans le monde arabe ? La seule menace indienne justifiait-elle cette complaisance ? Pourquoi avoir coupé l’herbe sous les pieds de Moubarak quant à quelque prétention nucléaire égyptienne, après l’assassinat de Sadate ?
Bonnet en vient à une conclusion évidente: tous trichent et continuent de tricher dans cette partie de poker menteur. Entre alliances qui se font et se défont. Entre volontés réelles et permissives: Les USA, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, Israël, la Russie, la Chine, le Pakistan. Sans exception.
Et son préfacier Gilles Perrault de nous éclairer : « »L’axe du mal » se fabrique rarement tout seul et il a parfois des forgerons très inattendus: ceux-là même qui le baptiseront plus tard pour les besoins de leur mauvaise cause ».
Le bellicisme bon marché que des dirigeants de « l’axe du bien » autoproclamé tentent d’imposer maladroitement à travers un agenda obscur et prévisible, a de mauvais fondements et ne tient pas compte de la conscience et de la vérité historiques. Ce bellicisme va tout droit dans le mur.
À chacun de se faire sa propre religion. J’ai arrêté de me faire la mienne sur le fondement des prédictions d’experts télégéniques et savamment médiatisés – appartenant à des think tanks ou des instituts subventionnés – pour construire et ventiler un narratif d’attrape-nigaud.