Une anecdote pour entamer la semaine 50 de l’an 2024.

Le dimanche 20 octobre dernier, veille de ma soutenance de thèse, j’ai fait un tour dans un grin ( club de thé bien connu des Ouest-Farafinois). Je voulais évacuer le stress positif de l’avant-soutenance. Aucune pertubation à anticiper sur le campus. Vendredi, j’avais aperçu de jeunes recrues de l’Armée de l’Air scandant des slogans martiaux. Oups Koutoubouéééé ! Où sont passées les franchises universitaires ? Elles ont été bien défoncées. La paix est revenue. What else ?

Dimanche soir dans le grin de mon quartier à Ebimpé, les jeunes débriefaient le débat d’actualité d’une chaîne privée qui capte les audiences après 20h. Depuis cinq petites années, le public ivoirien savoure les joies de la libéralisation de l’espace télévisuel. La Côte d’Ivoire rattrape admirablement son retard dans la sous-région.Face au déterminisme des débats monocolores servis par le service public, le public ivoirien ne boude pas les joutes oratoires du dimanche soir. Comme un besoin d’exutoire. Même quand ces joutes tournent à la démonstration stérile d’une ‘érudition académique surfaite, elles génèrent de l’audience.

En Côte d’Ivoire, on est en présence d’une société du divertissement au contraire d’une société de l’information ouverte à un débat public riche. Les piliers de cette structuration ont pour nom sport et culture. Le premier président ivoirien l’a voulu ainsi pour garder sa jeunesse des tourments d’une construction trop politisée de la jeune nation. La décennie de guerre a conduit à une inversion de l’échelle des valeurs a poussé l’inventivité culturelle et sportive dans les retranchements de l’abrutissement.

Revenons au grin d’Ebimpé. Ce soir-là, mon frère me présente comme un  » « benguiste « . Première question de l’animateur du grin:  » Toi ton Bengué là c’est où? Nous c’est Paris, Marseille ou Lyon on connaît hein ».Je sors mon blabla habituel pour faire l’intéressant: « Je viens de Besançon, la ville natale de Victor Hugo et des frères… »  » Ko quoi ? tchê toi tu n’es pas un vrai benguiste » . Tout le grin se tord de rire. Je ris jaune avec eux. Je sors alors mon joker.  » Je suis le petit-fils de Zran Sédé de Man. Renseignez-vous ! »

Silence de cathédrale. J’enchaîne avec la photo qui illustre ce post.  » Tous les historiens parlent de l’alliance entre Houphouët et le patriarche Gbon de Korogho. Mais Houphouet avait une alliance avec Zran Sédé pour conquérir l’Ouest montagneux ».

J’assène avec la cerise :  » Si Tidiane Thiam est malin, qu’il reparte chez les Zran renouveler l’alliance pour 2025″.

Je me sentais en territoire conquis. L’animateur du grin veut vérifier l’info auprès de son idole, l’enseignant d’Histoire, chroniqueur chouchou. On se verra le dimanche prochain pour en reparler.

Je savais que ma soutenance se tiendrait lundi et que vendredi ne me trouverait pas au pays. J’ai bu mon thé et je me suis éclipsé dans la pénombre d’Ébimpé.

Zran Fidèle GOULYZIA

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Docteur en Droit international - Ecrivain - Journaliste