C’est une tragédie que les jeunes Africains de ma génération n’ont connue que grâce aux livres d’histoires ou aux médias. A la faculté de droit d’Abidjan, mes cours de droit international humanitaire m’ont appris que le fameux droit d’ingérence humanitaire, trouvaille de Bernard Kouchner et des « sanfrontiéristes », tient son fondement de cette crise.Un million de morts en trois ans! L’axe Paris-Libreville-Abidjan, grâce à l’entregent des réseaux Foccart, avait été très actif, maniant intérêt économique lié au pétrole et volonté de leadership régional.De Gaulle, Houphouët et Bongo avaient certainement surestimé les capacités du chef sécessionniste Ojukwu. 50 ans après, les fantômes du Biafra hantent encore le géant Nigeria et même l’histoire récente des pays impliqués dans cette tragédie. Il ne faut donc pas s’étonner de la curieuse position du président nigérian Goodluck Jonathan dans la crise postélectorale ivoirienne de 2011. Une position perçue par une bonne partie d’Ivoiriens comme de l’ingérence. Le bégaiement de l’Histoire nous rappelle que 50 ans en arrière, « le père de la nation ivoirienne » avait fait pareil!