À un forum international, l’orateur américain ne s’excuse pas de ne pas parler français. Il bricole quelques mots dans la langue de Molière et en rigole. Ton voisin français prend la parole. Tu crois qu’il va parler français. Non…Son accent est un mélange bien curieux de british et d’american. Tu sens une pointe de fierté sur son visage. Et puis tu as un voisin farafinois francophone à l’accent parisien mal emprunté, dans son costume mal cousu de « citoyen du monde », qui te sort à chaque minute une citation de Molière comme si son grand-père avait participé à l’élaboration du Robert des citations. Il pense avoir réalisé l’exploit de sa vie en parlant à cette tribune. Personne ne semble l’écouter. Il est juste la note exotique parmi des orateurs condescendants.
Le Pleurer-rire des Peaux noires masques blancs est risible dans un monde où l’autocentrisme de la culture dominante fait croire qu’il n’y a d’horizon que celui qu’elle a érigé méthodiquement après quatre siècles de prédation expansionniste. » Le phénomène de domination occidentale qui a duré 400 ans est une parenthèse qui est en train de se refermer », reconnaît le très lucide Maurice Gourdault-Montagne. L’ancien diplomate français signe: « les autres ne pensent pas comme nous ».
Ceux qui ont fait de l’eurocentrisme et de l’atlantisme des paradigmes indépassables peuvent continuer de se voiler la face. La marche de l’Histoire leur rappellera la froide réalité d’une multipolarité irréversible.