Ce vendredi, les Eléphants (sélection ivoirienne de foot) rencontrent en éliminatoires de la Coupe du Monde 2026 les Seychelles. Le match sera diffusé par une télé privée appartenant au fils de l’actuelle Première dame ivoirienne.

Je suis certainement un inculte en matière de contrat de diffusion télé. Mais cette histoire de droits de diffusion de la Coupe du monde de foot reste intrigante depuis l’épisode de Qatar 2022, en dépit de tous les arguments rationnels qu’on a pu fournir pour justifier le choix de la télé privée au détriment de la télévision nationale. Petit, j’ai suivi Mexico 86, Italie 90, USA 94 à la télé nationale ivoirienne. Cette époque est révolue. Les Ivoiriens vont suivre les éliminatoires et certainement la Coupe du monde 2026 sur une chaîne privée.

La RTI en tant que média de service public avait-elle les moyens de s’offrir cette diffusion? Oui. Des instructions ont-elles été données en haut lieu, dans un entre-soi tacite, pour laisser l’exclusivité de diffusion à la télé du fils de la Première dame? Fort probable. Simple principe du plus offrant dans un écosystème télévisuel concurrentiel ? Discutable. On ne peut pas reprocher à des organisations privées sui generis comme la FIFA ou la CAF d’avoir leurs propres règles de gouvernance et d’avoir une approche mercantiliste qui balaie tout argument souverainiste.

A l’époque où je faisais mes armes à LC2 Télévision au Bénin, les récriminations de certains managers de médias africains nous parvenaient. Elles se cristallisaient autour du fait qu’un privé – en l’occurrence l’homme d’affaires béninois Christian Enock Lagnidé, patron de LC2/Afnex – s’arrogeait les droits de diffusion de la CAN auprès de la CAF et que l’Union des télévisions nationales d’Afrique (URTNA) devait négocier auprès d’un privé pour diffuser la messe continentale du foot. Lors de la CAN 2012, quand j’interviewais l’avocat Eugène Diomandé – ancien président du Séwé Sport de San Pedro, ma ville – LC2 détenait encore les droits de diffusion. Quand Issa Hayatou, président de la Confédération africaine de football d’alors, a été éjecté de son siège – et bien avant même – la donne n’a plus été la même pour le boss Lagnidé sur le marché juteux de la CAN. Peut-être que Georges Aboké ( ancien DG de la RTI que j’a rencontré en 2014 sur un vol Libreville – Abidjan) en sait quelque chose, lui dont l’offre n’a pas été retenue au moment de la libéralisation de l’espace télévisuel en Côte d’Ivoire il y a quelques années.

Dommage pour tous ces jeunes talents qui émergent à l’antenne nationale en matière de sport. En tout cas, je commence à comprendre une chose. La Côte d’Ivoire a un propriétaire. Comme on le dit à Treichville, « parlez seulement ça va pas quelque part ». 😎

Zran Fidèle GOULYZIA

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Docteur en Droit international - Ecrivain - Journaliste