C’est un avis peut-être excessif, mais c’est le mien. Je n’éprouve aucune forme de fascination pour les politiques français, anciens ou jeunes, de gauche ou de droite. J’estime qu’ils naissent, grandissent et se reproduisent selon les règles d’une caste, dans un nombrilisme anachronique typiquement français qui fausse leur regard sur la marche du monde. Mon regard est figé sur le curseur des valeurs qu’un politique défend.

Il y a trois semaines, j’ai reconnu Guy Labertit au Salon du livre africain de Paris où je participais à un panorama sur la littérature ivoirienne. Impossible de ne pas remarquer la silhouette de l’ancien « Monsieur Afrique » du Parti socialiste. Je lui ai offert mon premier roman « Tchapalo Tango » sur l’ivresse du pouvoir.  » Ah le tchapalo, mais je connais, c’est Korogho, Ferké ça, j’ai connu le tchapalo au Togo en 1973, je suis sûr que vous n’étiez pas né..😆😆´´. À 75 ans, il m’ a dit qu’il se consacrait désormais à la musique, sa première passion avant sa rencontre avec la politique en mai 1968. Il a promis de me faire parvenir son premier album et son tout dernier EP. Promesse tenue. Dix jours après, j’ai reçu les deux coffrets et un petit mot en guise de retour de lecture.

J’ai savouré un vrai projet musical construit avec des textes engagés et des musiciens au firmament de leur art: Franck Ballier ( ancien batteur de Johnny Hallyday), Emeline Fougeray ( bassiste sur la tournée actuelle de Solaar) et Swaéli ( bassiste et fils d’Etienne Mbappé).Blues, folk, avec un condensé de groove et d’accoustique, et des titres comme  » Scheveningen »,  » La nouvelle existence » ou Plus dans le coup » qui s’achève sur cette prophétie : » Les réseaux secrets vont se démembrer, la Françafrique est en train de sombrer »

Je retiens chez lui une chose bien rare chez les politiques: le détachement.
Même quand on est une bibliothèque politique d’un demi-siècle.
Même quand on a été dans la lumière et les cercles du pouvoir.
Même quand on a vu se former les limbes de tant de destinées nationales.
Le détachement avec le sentiment d’avoir ajouté sa pierre à l’édification de la Grande Muraille inachevée de la Justice parmi les humains.

Zran Fidèle GOULYZIA

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Docteur en Droit international - Ecrivain - Journaliste