C’est un grain de sable gros comme un caillou dans le dispositif narratif du procureur de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme de Cotonou.
La banque commerciale ivoirienne citée dans le projet de subversion qui secoue l’actualité béninoise soutient qu’il n’existe dans ses livres aucun compte courant au nom du commandant de la Garde républicaine. Mais plutôt un contrat d’assurances dont elle a reçu 55 millions de FCFA de versements.
On résume l’affaire. Mercredi, dans un communiqué de presse, le procureur de la juridiction spéciale a annoncé l’interpellation d’un homme d’affaires, de l’ancien ministre des Sports et du commandant de la Garde républicaine qui seraient impliqués dans un projet de coup d’État contre le président Patrice Talon. L’ancien ministre des Sports aurait été interpellé par la Brigade criminelle au moment où il remettait la somme de 1,5 milliards de FCFA en plusieurs lots à l’officier.
Au pays de Gbéhanzin, les intrigues et trahisons s’arriment à la gestion de la Cité, de l’époque de la résistance contre la pénétration française, à l’indépendance formelle, en passant par la séquence marxiste-léniniste et le renouveau démocratique. On se rappelle encore l’affaire de la tentative d’empoisonnement de l’ancien président Boni Yayi. Une affaire qui avait contraint l’actuel président à l’exil dans des conditions dignes d’un film d’espionnage.
J’ai connu l’ancien ministre des Sports mis en cause pendant mes années Bénin en tant que journaliste. Je l’ai connu sémillant débatteur sur les plateaux télé pour le compte d’Abdoulaye Bio Tchané, ancien patron de la BOAD et candidat à la présidentielle de 2011. Il a rejoint Patrice Talon plus tard. Avant son interpellation, il s’était ouvertement engagé pour la candidature de l’homme d’affaires cité dans le projet de coup d’Etat à la prochaine présidentielle. 2026 se joue-t-il sous nos yeux ?
Les sachants ont souvent des clés que les analystes ne détiennent pas. Il faut juste donner le temps au temps de dénouer les liens de cette intrigue qui a du mal à passer auprès de l’opinion publique. Je retiens que la politique est une machine à briser des vies et des carrières. Reckya Madougou et Joël Aïvo en savent quelque chose.
L’histoire politique du Bénin enseigne aussi que les persécutions font le lit du palais présidentiel. Et l’actuel président béninois est le mieux placé pour le savoir. Méthodique et pragmatique comme un patron d’entreprise, il traîne le talon d’Achille de détester la contradiction.