19 ans séparent l’image en couleur de celles en noir et blanc. Ma directrice de thèse m’habillant après mon admission au grade de docteur en droit international, et l’équipe ivoirienne vainqueur du concours de plaidoirie en droit humanitaire en 2005 à Dakar.

Cela fait deux petits mois, jour pour jour, que j’ai soutenu ma thèse. ( Orr c’est quel bon doctorat même et puis on ne peut pas respirer même ! ). Si vous faites partie de ces personnes qui pensent cela dans un coin de leur tête, je vous sers volontiers un rictus de primate yacouba goinfré à la noix dans la forêt de Manpleu.

Ce parchemin, je l’appréhende comme un devoir de mémoire en tant que pur produit du système éducatif ivoirien. Il ne fait pas de moi un érudit illuminé. Ce ne sont pas les diplômés qui font bouger le monde, mais les plus audacieux.

En 2018, quand je décidais de reprendre mes études, j’étais en attente de mon premier titre de séjour français. J’avais essuyé trois refus polis de professeurs d’universités françaises ( Besançon, Dijon, Lyon). Les universités françaises ne font pas d’entrave en général en cas de défaut de titre de séjour de l’apprenant. La preuve, j’ai pu enchaîner deux diplômes d’université en Relations internationales à l’UFR de droit et en Action humanitaire à l’UFR de Médecine de l’Université de Bourgogne. Mais pour l’admission aux écoles doctorales, c’est plus délicat. J’avais 38 ans, sans financement, sans revenus concrets. Rien d’alléchant devant un brillant étudiant en Master 2 de 22 ou 23 ans aspirant à une thèse de 3è cycle.

J’ai alors sollicité le professeur Théoua pour la direction de ma thèse. Elle a accepté spontanément de conduire mes recherches. Le professeur Théoua Pélagie et moi avons fréquenté le Lycée moderne Inagohi de San Pedro de la première à la terminale littéraire. Ensuite de la première année de droit en 1999 au DEA en 2005. Lors du concours régional de DIH à Dakar, Théoua Pélagie était la plus jeune de l’équipe ivoirienne. Le jury présidé par Me Sidiki Kaba ( président d’honneur de la FIDH devenu sous Macky Sall ministre de la Justice, de l’Intérieur, des Affaires étrangères puis Premier ministre) lui avait décerné la mention spéciale de la meilleure plaidoirie. Elle était faite pour la chose académique. L’avenir a donné raison au jury. Professeur titulaire de droit public, elle a été vice-présidente de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké chargée de la coopération internationale et dirige le laboratoire de finances publiques de l’Université de Bouaké.

Parce que dans mon pays la médiocrité est devenu bavarde, gloutonne et n’a pas le triomphe modeste, il importe d’avoir une juste opinion de soi, sans tomber dans les excès d’un personal branding rébarbatif.

Il n’ y a pas de génération spontanée. Chacun, dans son couloir de compétence, doit être capable d’apporter une plus-value à la marche de sa patrie.

Zran Fidèle GOULYZIA

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Docteur en Droit international - Ecrivain - Journaliste