Le 12è roman de l’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou fait partie des grosses attractions de la rentrée littéraire 2018 en France. Le récit du jeune héros Michel empreint de candeur et de fougue est une immersion décalée dans le mois de mars 1977 qui a vu l’assassinat à Brazzaville du président congolais Marien Ngouabi.
Les critiques littéraires s’en donnent à cœur joie pour trouver des épithètes valorisants à ce nectar tout aussi bon que les précédents de celui qui fait désormais figure de chef de file d’une littérature africaine fraîche, décomplexée, passée maîtresse dans l’art de casser tous les codes. Il faut saluer ce clin d’œil du fils de Pointe-Noire la rebelle à cette mémoire du Congo moderne.
Quant à moi, mon regard de reporter se focalise sur le sort du fondateur du Parti congolais du travail . En août 2015 à la faveur d’une mission humanitaire dans la département de la Cuvette au Congo-Brazzaville, j’ai eu la chance de visiter le village natal de Marien Ngouabi: Ombele.
L’émotion de la première découverte a vite laissé place à des questions existentielles sur la mémoire d’une page du Congo tant le dénuement et le délabrement dans lequel ce village était vautré m’avaient scandalisé.
Marien Ngouabi aurait eu 80 ans cette année, s’il vivait et n’avait pas été fauché lors du coup de force de mars 1977.La modestie était peut-être un trait de caractère de la gouvernance Ngouabi. Mais pas à ce point ! Non, il y a quelque chose qui ne va pas, on se dit!
Qui a tué Marien Ngouabi et pourquoi? Y a-t-il eu une volonté manifeste d’effacer ses traces dans l’Histoire du pays? Ces réponses à ces questions ne seront jamais satisfaisantes. Les sachants sont encore vivants. Peut-être qu’un jour on le saura. Mais il ne faut pas trop pavoiser d’optimisme. Il n’est pas toujours prudent de remuer l’Histoire en pays Ngala où Mboshi et Koyo s’efforcent de vivre en paix.