J’ai profité de mon récent séjour chez moi à San Pedro pour revoir la baie de Monogaga. La ville de San Pedro respire encore le parfum de la CAN, quatre mois après le sacre fabuleux des Éléphants. Des bus, une université polytechnique dédiée aux métiers de la mer, un stade de 20.000 places, une équipe locale de foot championne de Côte d’Ivoire, une nouvelle maire après le mandat historique de Grah Claire, des taxis communaux qui roulent presque tous au butane🤔🙄. Le deuxième poumon économique ivoirien fait des progrès.
Dans Bardot 18, mon deuxième roman, Kader Gnepa fait découvrir la mythique baie à sa compagne française Soleil. 20 km séparent San Pedro du corridor de Monogaga. 11 km de piste reprofilée pour atteindre la plage. Bravo au gouvernement ivoirien pour la Côtière. Elle a fière allure. On rallie désormais Abidjan à partir de San Pedro en quatre heures. Mais la problématique transversale du tourisme vous ramène à l’efficacité des choix stratégiques. On ne peut pas dire qu’il y a un désert d’intelligences en la matière. Mais les arbitrages en conférences budgétaires laissent souvent en rade des choix techniques stratégiques.
Le chauffeur du taxi-brousse que j’ai emprunté m’a relaté son calvaire. Il est même content du reprofilage des 11 km qui facilite la conduite. La redoutable côte de Monogaga fait trembler les conducteurs les plus expérimentés. Combien peut coûter le bitumage de cette piste? Y -a-t-il des facteurs géologiques rédhibitoires à ce bitumage? Est-ce un problème de budget?
L’arithmétique la plus profane autorise à dire qu’en mettant fin à l’inflation institutionnelle et fonctionnelle en cours par la suppression du Sénat, du Conseil économique et social, des ministres-gouverneurs, des ministres-conseillers, du Haut-représentant du Président de la République, du médiateur de la République, on peut désenclaver des sites importants comme ceux qui foisonnent dans le sud-ouest à Tabou, San Pedro , Sassandra et Grand-Béréby à travers un programme spécial de désenclavement. On ne peut pas mettre la charrue avant les boeufs et se vanter de voir le drapeau ivoirien pavoiser au Vélodrome de Marseille à travers l’ambitieux projet » Sublime Côte d’Ivoire », alors que l’arrière-pays est orphelin.
À Monogaga, la décennie de crise militaro-politique a tout chamboulé. Le tourisme n’aime pas les bruits de bottes. La baie se reconstruit. Des privés tentent avec leurs moyens de refaire des bungalows sur une partie aménagée de la baie.. 50.000 FCFA la nuitée pour les moins chers. Des familles d’expatriés, de riches hommes d’affaires étrangers et une petite classe moyenne émergente défilent le week-end à bord de 4×4. Les villageois n’ont pas d’électricité. Ils font encore leurs besoins de façon anecdotique. La redistribution des richesses du pays reste une énigme.
Les nouveaux riches n’arrêtent pas de se gaver.
La majorité survit. Et l’État travaille pour Nous !